El Jem est également doté d'un musée rempli de mosaïques, entre autres. La représentation de Dionysos (en haut) et de son compagnon Silène (en bas) y est un motif dominant.
Voici d'abord une nouvelle représentation du triomphe de Dionysos, un peu moins hiératique qu'à Sousse : on y voit notamment le satyre Silène totalement saoul se faire porter jusqu'à un âne censé lui permettre de participer au triomphe en dépit de son état. Toute mon estime à celui qui se rappelle encore le nom de l'accessoire équipé de pommes de pins explosives que tient Dionysos.
Silène a élevé Dionysos après la fin de sa gestation dans la cuisse de Zeus. Celui-ci avait eu un moment de faiblesse avec la mortelle Sémélé, et Hera l'ombrageuse s'était débrouillée pour éliminer sa rivale enceinte, faisant ainsi d'une pierre deux coups. Zeus se sentant responsable de ses actes pour une fois, il cousu le fœtus mort et le porta jusqu'à la fin de la gestation. C'est donc Dionysos qui sortit de la cuisse de Jupiter, et il est appelé "le deux fois né" pour cette raison. Silène lui a servi de père adoptif et de précepteur, le suivit partout et incarne l'ivresse.
Un immortel avec deux dates d'anniversaire dans le panthéon grec, voilà qui faisait mauvais genre, et Dionysos n'a jamais eu bonne presse, même si son culte est ancien et d'ailleurs mal compris. Pour aggraver son cas, Dionysos est un immigré, et viendrait probablement de Phrygie (Asie mineure). En plus, il ne respectait aucune règle et était imprévisible : un vrai agent du chaos, capable de cruauté, un "dieu fou".
Mais c'était aussi un dieu libérateur : il affranchit l’homme de ses fantasmes, de ses aliénations : il le fait par l’imagination, et l’inspiration.
Il délivre de l’insatisfaction de soi-même, des désirs cachés, des faiblesses inavouables, des virtualités, des regrets. Il donne la certitude de l'existence d'un au-delà.
Il a fait don à l’homme de deux remèdes : le théâtre et l’ivresse, ivresse de l’aventure, de l’amour, de la vie.
Très populaire dans la province africaine, il y était associé à la fécondité de la nature, et à la renaissance périodique de la végétation. Vue la sécheresse en plein été, on comprend mieux.
Adepte des excès en tout genre, sa lubricité et son absence de convention l'ont conduit à toutes sortes d'expériences inavouables. Les mosaïques préfèrent se concentrer sur ses débauches alcooliques avec Silène, mais nous avons quand même trouvé une petite sculpture en terre cuite montrant l'accouplement torride et très suggestif d'une femme avec un cheval (censuré par la rédaction).
Remerciements à Alice et au site http://philo-lettres.fr pour leurs lumières.
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