<<
>>
Le ramadan s'étant terminé il y a peu, beaucoup de mariages ont lieu en ce moment et notre cérémonie a pris du retard.
Houcem en profite pour me faire faire un tour rapide des principaux lieux de la ville, en particulier le mausolée de Sidi Sahbi, construit au VIIème, et le bassin des Aghlabides (IXème), grand réservoir alimenté par un aqueduc de 36 km amenant l'eau des montagnes, élément d'un complexe système de 28 bassins au total, qui apportait l'eau aux 250 000 habitants de Kairouan, alors capitale régionale du Maghreb de la conquête.
Houcem étudie l'agronomie à Tunis. Comme nos autres interlocuteurs il s'inquiète du devenir de son pays, et souhaite qu'il trouve des solutions viables par lui-même. Pour lui, aux prochaines élections deux partis lui paraissent suffisamment structurés pour emporter la décision : Ennahdha et Nidaa Tounes, un parti formé des anciens cadres du régime de Ben Ali et de représenta de la bourgeoisie.
Ennahdha ce sont les Frères Musulmans, et les Frères l'un des leviers d'influence du petit mais infiniment riche état gazier du Qatar. Ce n'est pas une solution tunisienne, même si les Frères y développent comme ailleurs un réseau d'aide sociale, grâce aux financements de leur protecteur.
Nidaa Tounes, c'est l'équivalent de la nomenklatura s'apprêtant à récupérer le leg d'un régime effondré, afin que la répartition des richesses perdure.
A côté de ces deux rivaux existent des dizaines de partis lilliputiens. Aucune force politique centriste ne parvient à reproduire l'influence que détient le puissant syndicat UGTT dans le dialogue social tunisien, dont me parlera bientôt un ancien PDG des mines de potasse.
Bref Houcem s'impatiente devant l'incapacité de ses concitoyens à faire vivre une voie démocratique tunisienne : en attendant, rien ne change et les choses sont pires qu'avant, notamment pour les jeunes.
De plus, la dégradation de la situation en Lybie a fait affluer dans le pays une vague de 2 millions de migrants, pour 10 millions de Tunisiens, principalement à Tunis et Hammamet. Cette frange aisée de la société lybienne fait exploser les prix des loyers et se conduit partout comme chez elle, exhibant la richesse tirée de la rente pétrolière.
<<
>>
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire