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Fethi nous a conviés aux festivités d'un mariage d'un cousin à Ksibat. Nous allons donc dîner avec lui dans la cour d'une grande maison près de la mosquée au bas de notre rue. C'est moins splendide mais meilleur que ce que nous avons eu à Kairouan. 400 personnes sont invitées et se relaient sans discontinuer aux tables disposées sans façon.
Fethi nous dit qu'il est chauffeur de taxi et a deux enfants dont un fils en France, sans papiers.
Nous partons vite pour laisser la place à d'autres, et Fethi nous propose de le rejoindre pour les chants et danses traditionnelles à un autre endroit du village, après la dernière prière.
Après avoir laissé les filles à la maison nous nous y rendons donc, et prenons place côte à côte à l'extrémité d'une rangée de chaises en plastique blanches, disposées de part et d'autre de l'orchestre traditionnel.
Nous nous apercevons peu après qu'hommes et femmes sont séparés, mais Anne ne souhaitant pas rejoindre les femmes d'où elle ne verrait pas grand chose compte tenu de l'affluence, nous demeurons là, et personne ne nous dit rien. Il y a pourtant un service d'ordre informel prompt à recadrer ceux qui sortent du rang, ainsi que nous le constaterons pendant la danse des hommes.
D'ailleurs la séparation des sexes n'empêche pas certaines femmes de se mettre en valeur, même si la plupart portent le hijab.
Après une pause, l'orchestre reprend sur une pulsation différente, tandis que des djellabas écrues sont distribuées aux hommes qui en demandent. Ceux qui sont déjà habillés commencent à danser sur une ligne face à l'orchestre. Beaucoup d'hommes, jeunes et vieux, les rejoignent progressivement, et ils sont bientôt une cinquantaine sur la ligne à lever les genoux et les bras en cadence, guidés par quelques danseurs confirmés veillant à la bonne uniformité du mouvement.
Les hommes ne se tiennent pas la main mais se soutiennent légèrement les poignets. Leur ample robe donne à leur mouvement un aspect ondulatoire, qui va bien avec la musique et la mélopée lancinantes, le tout durant sans doute une demi-heure.
Bientôt les visages se couvrent de sueur et nous avons l'impression que certains sont en transe.
Pourtant un homme vient périodiquement tirer des fusées tenues à main au dessus de la foule. Elles font un bruit assourdissant en éclatant.
Deux membres de l'orchestre s'avancent devant les danseurs avec de grands tambours portés en bandoulière et tournoient sur eux-mêmes de longues minutes en frappant la peau préalablement chauffée auprès d'un brasero.
Les mêmes reviendront peu après pour recommencer leur manège en tenant cette fois des étendards rouge et vert, sans perdre pour autant leur équilibre.
La danse continue encore puis tout s'arrête brusquement. Il n'y a pas d'applaudissements, et les danseurs se dispersent tranquillement après avoir rendu leur djellaba.
Nous rentrons, mais constatons bientôt que d'autres mariages ont cours, dont un près de chez nous. Heureusement ils ne se terminent pas très tard. En pratique, tous les soirs ce seront plusieurs mariages dont nous reconnaitrons les signes caractéristiques. On se marie beaucoup à Ksibat cet été.
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