samedi 9 août 2014

La Tunisie souhaite être traitée en partenaire et pas en pièce d'un jeu international qui la dépasse

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La plupart de nos interlocuteurs ont exprimé leurs doutes quant à l'autonomie du pays dans ses choix.

Il y a d'abord bien sûr le Qatar (pour les Frères Musulmans et Ennahdha) et l'Arabie Saoudite (pour les salafistes), mais la France et les États-Unis sont bien sûr cités.

Certains ne croient pas que Ben Ali ait pu tomber aussi vite tout seul. Bouazizi n'est pas le premier marchand ambulant à s'être immolé par le feu, l'opposition et l'injustice existaient depuis longtemps, et le régime savait très bien gérer tout cela.

Les Tunisiens se demandent donc si certaines puissances n'avaient pas intérêt à manipuler la Tunisie dans le cadre d'un jeu stratégique lié à l'accès aux ressources énergétiques et/ou à la protection d'Israel.

Ils pensent notamment aux États-Unis dont les relations avec l'Arabie Saoudite et le Qatar sont anciennes (bases militaires dans les deux pays), et qui s'accommodent très bien, malgré le 11 septembre, du poids qu'occupent les versions radicalisées de l'Islam dans les deux pays, et surtout de leur prosélytisme.

La France n'est pas en reste, ses relations avec le Qatar sont bien connues ici. Sarkozy, sa frappe intéressée sur la Lybie, son soutien prudent à la révolution tunisienne, les vacances dorées de notre ministre des armées, puis actuellement l'appui politique d'abord donné par François Hollande à Israël dans ses opérations à Gaza, tout cela passe mal.

Par contraste, l'Allemagne est vécue comme un partenaire plus intéressant que la France pour la Tunisie : le pays ne la prend pas de haut, ses représentants font l'effort d'apprendre l'arabe, et les échanges économiques avec elle sont profitables. Nul doute que l'Allemagne pourrait devenir une destination prisée pour l'émigration des étudiants tunisiens, compte tenu du problème démographique de notre voisin européen.

Être considérée comme un pays autonome dans ses choix et demeurer très ouverte à l'international, voilà ce que nos interlocuteurs veulent pour la Tunisie. A défaut ils ont peur que la révolution échoue.

Pour ceux qui veulent aller un peu plus loin, un lien vers Sarkozy et la Lybie (entre autres), assez représentatif de ce que nous entendons. Attention les théories du complot ont traditionnellement beaucoup de succès dans les pays arabes, mais en l'occurrence une bonne partie des doutes émis sont certainement fondés.


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